Pour cette chronique, le thème retenu est : « pourquoi et comment prendre soin de vous ? ». Le climat de cet automne 2022 est en effet très anxiogène. Alors qu’un chef d’entreprise se met déjà tout seul la pression pour faire réussir son entreprise et créer et pérenniser l’emploi, un cumul de facteurs micro- et macroéconomiques viennent complexifier encore la donne. Et la charge qui pèse sur ses épaules s’alourdit…
Il y a 2 ans, il avait déjà dû gérer le Covid – ce qui signifiait tout arrêter de ce qui le faisait vivre, chercher à protéger les salariés d’un virus que l’on ne connaissait pas, puis trouver des moyens de relancer son activité.
Depuis un an, il fait face à l’inflation des matières premières, avec un impact non seulement sur son entreprise mais aussi à titre personnel. S’y ajoutent les pénuries et ruptures d’approvisionnement qui pertubent l’exécution de ses plans de développement. Et depuis quelques mois, la crise énergétique bouscule les marchés. En lui imposant de rogner sur la marge de l’entreprise pour payer ses factures, donc de faire des arbitrages sur les dépenses. Sans compter les nouvelles injonctions à la décarbonation et à la RSE…
Cette spirale de problèmes nouveaux à résoudre ne s’arrête pas quand il rentre chez lui le soir.
Face à cette ambiance générale, la priorité pour le dirigeant est de ne pas tomber.
Or trop souvent encore, un chef d’entreprise est vu – et se voit – comme un super héros. Il ne s’autorise pas à faillir. C’est lui qui a créé, c’est donc lui qui assume tout. Avoir un coup de mou ou des doutes est quelque chose qu’il ne s’autorise pas.
Pour autant, sur le terrain et dans les faits, le sujet reste tabou. Et s’il met en place des actions, il le fait pour ses collaborateurs – mais pas pour lui. Dans la grande majorité des cas, le chef d’entreprise ne se sent pas concerné. Quand il le comprend, il est souvent trop tard. Il attend d’être tombé pour dire qu’il n’en peut plus…
Pourtant, ce n’est pas un drame de devoir faire une pause. Ce n’est en aucun cas un aveu de faiblesse. Au contraire ! C’est une force car cela évite de tomber et permet de réagir à temps. Il faut assumer et reconnaître sa dimension humaine.
Pour cela, le chef d’entreprise doit accepter de procéder à trois changements :
- Accepter et assumer. C’est au chef d’entreprise lui-même de reconnaître qu’il a besoin de faire une pause, de prendre du recul et de se faire épauler.
- Impliquer ses équipes : le chef d’entreprise ne doit plus vouloir tout assumer seul. Il est important par exemple de communiquer en interne sur la situation réelle des entreprises en France et des conséquences de cette situation pour sa propre entreprise. Même chose en cas d’arbitrages financiers : en les expliquant, ils sont mieux compris et acceptés. Une certitude : les équipes sont tout à fait capables de se mobiliser. Certaines l’ont déjà montré.
- Se faire aider : choisir une activité (du sport ou une activité artistique) pour se vider le cerveau ; déléguer soit auprès de ses collaborateurs s’ils sont assez solides pour gérer les dossier, soit auprès d’un pair tel un operating partner, ce dernier intervenant comme une béquille (donc d’usage temporaire) pour seconder le chef d’entreprise pour qu’il puisse souffler et prendre le recul indispensable pour avancer.
L’urgence, si on veut que les chefs d’entreprise tiennent le choc face à la tempête actuelle, est donc de démystifier le sujet et qu’enfin, ils s’autorisent à dire « stop » et « help ».
Une émission à écouter sur la chaine Youtube du Bar de Economie.